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La Maison des Chats

La Maison des Chats

La Maison des Chats de Bruxelles, édifiée entre 1873 et 1875, est l’un des témoins les plus singuliers de la transformation urbaine de la capitale belge à la fin du XIXe siècle. Située au numéro 1-3 du boulevard Adolphe Max, elle s'inscrit dans le grand chantier d'embellissement de la ville mené après le voûtement de la Senne, moment fondateur d'une nouvelle esthétique urbaine bruxelloise. C’est dans ce contexte qu’un concours de façades, lancé en 1872 par la Ville de Bruxelles, incita les architectes à rivaliser de créativité. Henri Beyaert, l’un des plus éminents architectes belges de son temps, y participe avec cette maison destinée à accueillir à l’origine une banque. Son projet obtient le premier prix du concours.

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Le bâtiment illustre parfaitement le style éclectique nourri d’inspirations néo-Renaissance flamande, alors en vogue. Beyaert y déploie toute sa virtuosité dans l’art du détail. La façade évoque les maisons de corporations de la Grand-Place, avec ses pignons, ses frontons, et surtout, son décor sculpté hautement symbolique.

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Deux chats, œuvres du sculpteur Georges Houtstont, ornent la façade et renforcent la singularité de l’édifice. Parmi eux figure une inscription en néerlandais ancien, « Hier is't in den kater en de kat » (« Ici on est chez le matou et la chatte »), qui a donné au bâtiment son surnom. Ce jeu de mots ironique, typique de l’humour bruxellois du XIXe siècle, s’inscrit dans une tradition décorative où l’architecture devient aussi narration.

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La maison s’impose également comme une prouesse technique, en particulier dans la manière dont elle intègre ses éléments ornementaux à une structure fonctionnelle. Le rez-de-chaussée, conçu pour un usage commercial, reprend les proportions des grandes maisons baroques bruxelloises, tandis que les étages supérieurs exhibent une grande richesse formelle, propre à séduire le regard du passant.

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Classée monument historique depuis le 15 octobre 1992, la Maison des Chats est aujourd’hui l’un des joyaux les plus photographiés du boulevard Adolphe Max. Elle symbolise un moment de renouveau architectural où Bruxelles, en quête de grandeur, invente une modernité urbaine nourrie de son propre passé.

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